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Panneaux photovoltaïques : doit-on s’attendre à une vague de déchets solaires ?

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Jean-Philippe

Directeur Général d'Enez Solutions

Elle chauffe les foyers mais ne contribue pas au réchauffement climatique. L’énergie solaire fait de plus en plus d’adeptes, chez les particuliers comme les professionnels. Avec un impact environnemental minime, des aides de financement et des technologies en constant développement, les panneaux photovoltaïques se multiplient ainsi sur le territoire français. Mais peut-on véritablement parler d’énergie propre ? Avec une partie de la population qui craint une “vague de déchets solaires” d’ici 2025, doit-on s’inquiéter ? On fait le point.

Les installations photovoltaïques se multiplient sur le territoire français. En 2019, la capacité du parc solaire photovoltaïque raccordé au réseau en France était ainsi de 9,4 GW, soit de 10,4 % de plus par rapport à 2018. Les régions à la plus forte puissance ? Le Sud et en particulier le Sud-Ouest, zone à fort taux d’ensoleillement. Et en 2021, le solaire photovoltaïque a fourni 3 % de la production nationale d’électricité. Dans le monde, ce sont plus de 627 GW qui ont été produits grâce au photovoltaïque.

Si l’attrait pour les panneaux ne tarit pas, c’est parce que ce qu’ils permettent véritablement d’accélérer la transition vers une monde plus responsable avec une énergie renouvelable sollicitée sans rejet de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre. À ces arguments environnementaux s’ajoutent des prix attractifs. Tant pour leur fabrication que pour leur installation et maintenance.

Parce que ses clients et défenseurs sont de plus en plus nombreux, les moyens mis en œuvre pour développer la technologie qui porte les panneaux photovoltaïques s’accroissent à vitesse exponentielle. À ce développement s’ajoutent des composants de moins en moins chers et une production plus optimale. Selon EnergyStream, le coût des panneaux solaires aurait ainsi diminué de 80 % depuis 2010. Tout cela, sans compter que cette énergie renouvelable permet également une revente d’électricité grâce à des méthodes de stockage de plus en plus élaborées.

Mais certains doutent encore de la technologie photovoltaïque. Une préoccupation récurrente anime certains débats : les panneaux ne seraient pas à 100 % durables et finiraient donc par polluer…

Non, les panneaux photovoltaïques, qu’ils soient à cellules amorphes, monocristallines ou polycristallines, ne sont pas éternels. En préambule, il faut savoir que depuis août 2014, les panneaux solaires photovoltaïques sont classifiés comme DEEE (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques).

La durée de vie de la plupart des panneaux solaires qui respectent les normes de l’Union Européenne oscille entre 30 et 40 ans, avec une baisse de son efficacité – et donc du rendement – au bout de 10 ans. Quant à l’onduleur qui lui permet de convertir le courant continu en courant alternatif, le rendant ainsi compatible avec le réseau EDF, il est à remplacer tous les dix ans en moyenne. Dans certains cas d’installations dites “nomades”, une batterie est obligatoire. Là encore, elle est à remplacer pour un rendement durable et maximal. On compte généralement une petite dizaine d’années de longévité.

Mais alors la question se pose en effet : que deviennent les panneaux solaires et composants à remplacer ? Il y a une dizaine d’années, beaucoup craignaient une réelle “vague de déchets solaires”. Notamment pour les plus gros producteurs de déchets solaires du monde, c’est-à-dire la Chine, le Japon, l’Inde, les États-Unis et l’Allemagne qui produiront, selon Reporterre, environ 70 millions de déchets d’ici à 2050.

En France, cette vague prédite pour 2025 ne semble finalement pas sur le point de nous submerger…

Si la menace d’une pollution colossale imminente s’est visiblement éloignée, c’est en partie grâce à l’évolution et le développement constant de nos techniques de recyclage et de la composition même des panneaux solaires.

Longtemps, les panneaux photovoltaïques ont été produits avec beaucoup de matériaux polluants, comme la poudre de silicium, nécessitant une extraction environnementalement et socialement discutées. Mais aussi des matériaux non renouvelables, comme le Tellurure de cadmium. Mais depuis les débuts du solaire, les choses ont changé. La grande majorité des panneaux solaires sont aujourd’hui des modèles au silicium cristallin. Ils sont désormais constitués à 94 % de matériaux recyclables.

Le principal matériau de ces panneaux est le verre – qui représente généralement plus de 70 % du panneau – puis l’aluminium. Soit deux matériaux recyclables à l’infini. Viennent ensuite le silicium cristallin, des polymères (plastique), du cuivre, de l’argent, de l’étain et/ou du plomb, des métaux eux-aussi recyclables. Il s’agit donc ici de déchets classés non dangereux et réutilisables de diverses façons.

Mais ce n’est pas tout. Au cœur des discussions, la réduction, la réutilisation et le recyclage des matériaux constituant les panneaux photovoltaïques devraient également sensiblement réduire les déchets générés par l’industrie. En témoigne la loi du 10 février 2020 passée dans le cadre de la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire. Cette dernière oblige les fabricants à :

  • Réduire la quantité de matériaux nécessaire à la fabrication d’un panneau;
  • Réutiliser les matériels exploitables d’un ancien à un nouveau panneau;
  • Recycler les matériaux et tendre vers une recyclabilité totale des composants.

 

C’est notamment grâce à cette loi que l’on a pu voir l’installation de panneaux photovoltaïques de seconde main. Une solution non seulement écologique mais également économique.

Concernant les méthodes de recyclage en elles-mêmes, ces dernières ont elles aussi drastiquement évolué. On peut citer Veolia, qui a su mettre au point une méthode de séparation des éléments notable, étape essentielle. La forme française propose d’ôter le cadre en aluminium du panneau, avant le boîtier de jonction ainsi que les câbles puis de passer les panneaux découpés en lamelles dans des broyeurs. Verres, cuivre, silicium et autres composantes sont ensuite séparés et récoltés de sorte de rejoindre les filières de recyclage qui leur sont dédiées.

Avec des panneaux ainsi recyclables a minima à 94 %, on peut affirmer que le recyclage des panneaux photovoltaïques permet aujourd’hui une économie circulaire. L’extraction permanente de nouveaux matériaux, avec bien souvent des méthodes polluantes, n’est donc plus d’actualité. Selon ENGIE, le constat est clair “l’industrie photovoltaïque produit désormais plus d’énergie qu’elle n’en consomme pour la fabrication des panneaux.”

Et si l’on se projette alors dans quelques années, ça donne quoi ?

Selon L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), le recyclage des panneaux photovoltaïques au niveau mondial permettra en 2030 de réutiliser plus de 900 000 tonnes de verre, plus de 100 000 tonnes de polymères, 75 000 tonnes d’aluminium et 29 500 tonnes de silicium.