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Éoliennes : la fin des idées reçues ?

Jean-Philippe

Jean-Philippe

Directeur Général d'Enez Solutions

Si les éoliennes se multiplient dans le monde et sur le territoire français, quelques détracteurs persistent et participent à une production freinée. Parmi leurs arguments : la pollution sonore et visuelle qu’elles engendreraient. De quoi craindre un impact sur les ventes immobilières. Et pourtant…

Éolienne : quel impact sur l’immobilier ?

Avant toute chose, un petit état des lieux s’impose…

En 2018, la France comptait 6 500 éoliennes terrestres. En 2021, nos 1 380 parcs en recensaient plus de 8 000, réparties un peu partout en France Métropolitaine et d’Outre-Mer, et principalement sur les côtes, les Hauts-de-France, l’Occitanie et le Grand-Est. Des installations qui ont permis de fournir, en 2020, 36 TW térawatt/heure, soit 1 milliard de KW/heure, et 7,9 % de la production d’électricité produite en France. Arrivant ainsi après l’hydraulique et le nucléaire. Des chiffres encourageants pour un objectif – quoique audacieux – de neutralité carbone fixé pour 2050. Après l’Espagne et l’Allemagne, la France détient la 3ème puissance électrique éolienne raccordée en Europe.

L’éolien continue ainsi de se développer à vitesse grand V, et ce, malgré une crise sanitaire mondiale ayant brusqué les productions et installations des engins flottants comme terrestres.

Acteur privilégié de la stratégie bas carbone avec l’hydraulique et le solaire, l’éolien connaît tout de même quelques difficultés, dont des problématiques d’emplacement. Les éoliennes doivent par exemple être installées à plus de 500 mètres des zones d’habitation et suffisamment loin d’installations militaires ou de survol d’aviation.

À ces enjeux de place et de normes s’ajoute une question de popularité. Certains Français redoutent une pollution à deux dimensions…

General Electric, ou la démesure

Certaines éoliennes peuvent donc atteindre des sommets et avoir un impact non négligeable sur nos paysages. Plusieurs particuliers et associations de riverains se font entendre pour ne pas voir de telles infrastructures dans leurs panoramas. Ainsi, début 2022, la cour administrative d’appel de Nantes annulait l’autorisation d’exploiter un parc éolien constitué de trois éoliennes de 180 mètres de hauteur à Noyal-Muzillac. Pour cause ? Un « impact visuel fort » déploré par plusieurs habitants et un « effet de saturation”. En effet, lorsque sont étudiés ces types de cas, le nombre d’éoliennes déjà installées compte. En l’occurrence, le site du Morbihan comptabilisait déjà six autres parcs éoliens à proximité.

Si les éoliennes, même terrestres, peuvent atteindre des dimensions vertigineuses, toutes ne s’élèvent pas si haut. Selon le ministère de la Transition Écologique, les éoliennes terrestres sont pourvues de mât mesurant entre 80 et 100 mètres de haut, avec un diamètre de rotor entre 80 et 110 mètres. Au total, « en bout de pale », c’est-à-dire la hauteur du mât ajoutée à la longueur de la pale, les éoliennes terrestres mesurent en règle générale entre 120 et 155 mètres de haut.

Si cela reste haut, l’installation d’éoliennes et parcs éoliens est aujourd’hui très réglementée pour, justement, préserver nos paysages naturels déjà tourmentés par l’urbanisation et les industries… C’est pour cette raison qu’une éolienne sera toujours installée à minimum 500 mètres d’une zone habitée. La loi climat et résilience du 22 août 2021 a également décrété qu’une consultation publique doit toujours être menée avant tout nouveau projet d’installation d’éolienne dans une commune.

Avec des bruits intermittents et aléatoires, la pollution sonore éventuellement engendrée par l’installation de parcs éoliens à proximité des habitations a elle aussi longtemps inquiété. Si bien qu’en 2021 la cour d’appel de Toulouse a reconnu chez plusieurs riverains le “syndrome éolien”.

Au-delà du bruit que produit le souffle du vent dans les pâles, le son qui est produit par les éoliennes proviennent principalement de leurs turbines et rotors, l’organe permettant d’entraîner un axe dans la nacelle. Ainsi, logiquement, plus une éolienne et ses pâles seront grandes, plus le rotor fera du bruit. Ce dernier peut alors atteindre les 100 décibels, soit 55 décibels si l’on se place au pied de l’installation, et à 35 décibels si l’on est à 500 mètres de l’installation.

Alors le cas de Toulouse cité plus haut reste ainsi un cas isolé. Selon un sondage CSA réalisé à grande échelle, près de 80 % des riverains habitant à moins de 1 000 mètres d’une éolienne déclarent ne jamais entendre les éoliennes. Et selon L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, les éoliennes émettent ainsi principalement des basses fréquences, c’est-à-dire des infrasons (20 Hz – 100 Hz), soit “moins qu’une conversation à voix basse”.

Aux lois mentionnées s’ajoutent des fabricants de plus en plus enclins à développer des technologies silencieuses. Certains travaillant d’ores et déjà sur des pâles au design optimisé avec des engrenages de précision silencieux ainsi que des coussinets amortisseurs et des systèmes de serration.

Dans le cadre des Assises européennes de la transition énergétique tenues le 1er juin 2022, l’Ademe a dévoilé une étude relativisant les effets des éoliennes sur l’immobilier. L’Agence de la transition écologique a en effet observé une “légère baisse de prix de 1,5 % au mètre carré, en moyenne” pour les maisons individuelles situées à moins de 5 kilomètres des turbines. Le rapport conclut que “l’impact de l’éolien sur l’immobilier est nul pour 90 % des maisons vendues entre 2015 et 2020” et que l’impact constaté est “comparable à celui d’autres infrastructures industrielles (pylônes électriques, antennes relais…)”.