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Quand pourrons-nous rouler à l’hydrogène ?

Jean-Philippe

Jean-Philippe

Directeur Général d'Enez Solutions

Sur le plan technique, rouler à l’hydrogène est déjà possible depuis 2008. En effet, certains constructeurs automobiles ont commencé à lancer leur modèle de voiture à hydrogène, c’est le cas d’Hyundai, de General motors, de Toyota et d’Honda.

Le groupe Daimler a quant à lui présenté le projet d’un camion à hydrogène Mercedes avec un objectif de 1000 km d’autonomie.

Dans le ferroviaire, Alton a présenté un train à hydrogène qui ne rejette que de la vapeur d’eau et son expérimentation lancée en Allemagne a été un succès et a conduit à la commande d’une quarantaine de trains dont la mise en service est prévue à partir de 2022.

Michelin et Faurecia ont quant à elles créé en 2019 une coentreprise dans l’hydrogène avec 140 millions d’euros au démarrage pour développer des piles à combustibles nouvelle génération et démarrer la production en série. L’objectif est de détenir un quart du marché mondial de la mobilité à hydrogène d’ici 2030.

Une mise à l’échelle industrielle est nécessaire pour fabriquer des électrolyseurs de taille importante et déployer la production « d’électricité verte » pour alimenter ces électrolyseurs.

Il est également essentiel de développer le réseau des pompes à hydrogène puisqu’il n’en existe que 30 aujourd’hui en France. Ceci pose un défi logistique lié à la légèreté de l’hydrogène et implique un investissement financier qui ne sera pas immédiatement rentabilisé puisqu’il y a très peu de véhicules à hydrogène en circulation actuellement. Par ailleurs cela nécessite une concertation européenne afin d’assurer une circulation sur l’ensemble du territoire.

Réduire les coûts est une priorité ce qui permettrait de réduire les prix des voitures à hydrogène qui sont actuellement prohibitifs. L’enjeu est ici de réduire le coût de la pile à combustion dont le catalyseur est constitué de platine, qui est un métal rare. Les chercheurs

tentent de réduire la quantité de platine sans faire baisser la puissance de la pile en associant d’autres métaux comme le fer ou le cobalt. Par ailleurs, l’accélération de la production et les économies d’échelles que cela implique devraient également aider.

Les chercheurs souhaitent également augmenter la durabilité de la voiture à hydrogène afin qu’elle puisse rivaliser avec celles à essence soit un objectif d’une durée de vie moyenne d’une dizaine d’année (5000 heures).

Enfin, il faut aussi réduire le volume et le poids des piles à combustibles tout en augmentant leur performance et en préservant un coût acceptable.

Pour conclure et bien qu’il soit possible de rouler à l’hydrogène aujourd’hui, cela reste pour le moment plus intéressant dans le cas des camions qui ont besoin d’une plus grande autonomie et qui offre l’espace nécessaire pour stocker les bombonnes d’hydrogène.

Les industriels estiment qu’il faudrait 70 milliards de dollars investis dans l’hydrogène vert pour pouvoir réellement développer son usage à moyen termes. Cela semble important mais représente pourtant moins de 5 % des dépenses énergétiques mondiales annuelles. L’hydrogène est donc bien une question politique.